Dans quelques jours sera notre réunion familiale pour mon père.
Cette réunion, je l’appréhende.
Je l’appréhende parce que je n’ai pas envie qu’elle se produise.
Cette rencontre, elle confirmera son décès, confirmera que l’événement s’est réellement passé, qu’il ne sera plus jamais là.
Cette rencontre m’angoisse parce que ma famille n’est pas la famille dont j’aurais besoin durant ce moment.
Ça m’angoisse parce que je n’ai pas envie de me trouver là, dans un endroit qui ne m’est plus agréable et ce, depuis très longtemps.
Je ne veux pas voir les cendres, encore moins les disperser.
Je ne veux pas d’une rencontre familiale pour cette raison.
Je ne veux pas d’une journée qui confirmera non seulement cette perte en question, mais qui ressassera le fait que je n’ai pas été en mesure de terminer et d’obtenir mon diplôme d’études, à quelque semaines prêts ainsi que le fait que je n’ai eu que d’autre choix que de laisser tomber ma graduation ainsi que toute la confiance dont j’ai pu acquérir durant mes études …
Cette journée, pour moi, n’est pas seulement une journée commémorative, mais une journée qui me rappellera d’autant plus de la faiblesse qui m’envahit, la perte d’espoir qui plane au dessus de moi ainsi que mon avenir qui restera cabossé sans possibilité de réparation.
Allo!! Ishh si tu savais comme je te comprends, je vivais les mêmes sentiments et émotions que toi il y a un an presque jour pour jour pour la cérémonie de mon chum. Je me sentais si seule face à toute sa famille qui vivait ça ensemble.
Moi, mon chum n’était plus là, mon allié, mon ami était parti. Avant le début des sympathies, tsé on est tout en ligne et donne la main à pleins d’inconnus, je me sentais seule et bien évidemment je remarquais juste les couples qui se serraient dans leur bras et se supportaient.
Je voulais pas être là dans cette place qu’il aurait détesté en plus, cette ambiance merdique qu’il aurait fui parce que c’était loin d’être représentatif de lui. Ils ont fait une cérémonie à leur image et non à la sienne. Je « spottais » juste ces choses qu’il n’aurait pas aimé. Je voulais juste m’en aller…avec lui!!
Donc, je me suis placée tout au bout de la lignée pour recevoir les sympathies et tout à changé. J’ai été touchée et profondément émue de voir que des amis, connaissances , collègues de travail et même des anciens collègues de travail s’était déplacé pour me serrer dans leur bras et me donner un brin de réconfort une personne à la fois. Ces personnes ont pris le temps de faire la file pendant plusieurs minutes, il y a près de 450 personne qui sont venus, pour moi!! J’ai pleuré avec des amies, j’ai ri avec ses amis, j’ai écouté des personnes encore sous le choc, j’ai connu des gens dont j’ai entendu parlé maintes et maintes fois…
Câline que le monde l’aimait mon chum. En fait tout le monde l’aimait , c’étais mon idole à ce niveau. Il avait un charisme de fou et une telle facilité à entrer en contact avec les gens. Bref, tout ça pour te dire que la journée que j’appréhendais c’est quand même bien déroulée et ce, même si, que lors de son hommage, la famille n’a jamais jamais nommé mon nom. Ça été mon chum durant 7 ans mais je demeure une étrangère pour eux. Mes amis étaient scandalisés alors que moi j’ai dit : « Bah je m’en doutais et vous savez ce que dirait mon chum : On s’en fou ti-cul, toi tu le sais que tu étais importante ma chérie alors tu as pas besoin de quémander cette reconnaissance. Enwaille qu’est-ce qu’on fait icite, vient on s’en va il fait beau dehors » et je l’aurais suivi tu sais!! On s’est mis à rire durant le discours de son père…on s’est regardé et, comme mon chum aurait fait, on est sorti, toute la gang, avec lui en nous .
@Flou , @Kelly ,
Ce que vous nommez toutes deux sont des exemples d’expériences tout à fait valides d’émotions intenses et normales en lien avec l’approche d’événements liés aux célébrations suite au décès… Événements qui, inévitablement, apportent un flot d’émotions intenses. Il est vrai que les émotions peuvent prendre momentanément le dessus pendant une certaine période, et c’est correct. S’y consacrer permet au coeur et au cerveau de créer des liens et d’accorder une énergie nécessaire au cheminement vers l’acceptation et le rétablissement du processus de deuil. Sachez que chaque fois que vous prenez le temps de nommer votre ressenti, de l’exprimer en mots que ce soit ici ou ailleurs, vous tracez un chemin important pour vous-mêmes, vous vous écoutez dans votre besoin de partager et de comprendre.
Félicitez-vous de consacrer du temps dans ces stratégies que vous faites. Certaines personnes, sans même savoir que ce sont des stratégies, se vident le coeur et, malgré eux, prennent des mots pour recadrer leurs pensées et se permettre de ventiler et de réfléchir.
Ces gestes sont de belles réussites, félicitez-vous de les poser.
Peu importe les façons de vivre ces périodes, ceux et celles qui ont passé par là se souviennent qu’elles ravivent des souvenirs, mais qu’elles sont passagères en même temps.
Bon courage dans le processus. On est là.