La perte d’un être cher semble souvent insurmontable , celle par suicide est d’autant plus difficile à intégrer.C’est l’incompréhension , la colère , la douleur .On s’imagine notre être cher et ses derniers moments , seul avec sa souffrance , on aurait voulu être là , avec lui , lui tenir la main , on aurait plutôt voulu qu’il change d’idée , qu’il ne passe pas à l’acte , qu’il revienne à la vie, qu’il soit bien.Mais il n’était pas bien puisqu’il est passé à l’acte , on a peine à imaginer sa souffrance , même si on le savait , on n’a pas pu , on a pas su le retenir , ce sentiment d’impuissance, d’échec , d’incompréhension , de colère , c’est tellement irréel tout ça, un choc , c’est difficile d’y croire.On jongle sans cesse avec une multitude d’émotions , on l’aime , on s’ennuie , on lui en veut , on s’en veut , on aimerait revenir en arrière, on refait le fil de l’histoire 10 , 100, 1000 fois , on veut pas , on cri , on pleure , on se déchire et on se brise en-dedans.Pas de réponses , un silence , lourd , déchirant , on doit se réconcilier avec la vie , même si on la trouve trop injuste , trop cruelle , on doit continuer , avancer , soigner , guérir.On doit panser ses plaies mais sachant très bien que la cicatrice demeurera à jamais , cette blessure étant trop profonde pour s’effacer à jamais.On doit refaire un lien , recréer une union entre la personne disparue et nous , mais autrement, différemment.Mais comment faire quand on n’a nulle ressource, aucun mode d’emploi pour y arriver puisque notre douleur est si vive?
C’est un long cheminement qui doit s’amorcer , on doit chercher de l’aide au besoin et ne pas s’isoler , à notre façon ,chacun faire notre chemin et traverser ce deuil en prenant une seconde, une minute , une heure à la fois.Et à son propre rythme , chaque personne est différente,chaque deuil , chaque situation , ne pas se comparer , se respecter , prendre chaque émotion , une à la fois et la vivre pleinement.
Oui après une grosse tempête il y aura le calme , le soleil reviendra aussi , on ne peut pas la contourner la tempête, on doit la traverser , elle fait partie de notre histoire, dur dur de l’affronter , cette violente tempête… Courage à tous ,donnons-nous la main afin de traverser ce vide immense , et demandons à notre être cher de nous donner la force d’avancer .JE VEUX VIVRE POUR TOUS MES ÊTRES CHERS QUI N’ONT PAS VÉCU.Je veux m’en sortir.
Lelou,
Le récit que vous faites de votre parcours reflète bien à quel point le mélange d’émotions vécues peut être bien réel chez les proches endeuillé.e.s par suicide. Le deuil implique de prendre le temps qu’il faut pour redéfinir différemment la relation avec la personne qui nous était chère et qui nous manque. Ça peut représenter, en effet, un long cheminement, qui se parcourt un jour à la fois.
N’hésitez pas à partager les stratégies que vous avez trouvées pour aller mieux et qui ont fonctionné pour vous. Ici, à Vivre un deuil par suicide, vous pouvez échanger et partager en toute sécurité avec les autres membres, si vous souhaitez vous entraider à travers ce cheminement qu’est le rétablissement. Vous, quelles sont les choses (activités, petits gestes quotidiens, paroles que vous vous dites) qui vous ont donné et qui vous donnent encore la force d’avancer?
Stéphanie
Équipe de modération
Bien que cela fasse plusieurs mois que tu as écrit ce texte, celui-ci résonne toujours en moi de façon profonde. Cela fait plusieurs fois que je le relis et ce matin à sa relecture, une douce larme a couler sur ma joue et j’ai décidé de l’imprimer et de l’afficher sur mon babillard dans mon bureau, je pourrai facilement le relire au besoin.
Ta description des sentiments et émotions que tu as vécus dans ton épreuve, avec des mots si forts et évocateurs, viennent me chercher profondément à chaque fois. Je m’y reconnaît et ton texte est vibrant de vérité, je m’y enlise à chaque fois car j’ai vécu et vie les mêmes sentiments mais à présent avec une baisse d’intensité et à des intervalles bien plus espacés. Bien que pour ma part après 14 mois depuis le suicide de mon époux, après l’affrontement de la terrible tempête, le soleil brille de nouveau. Je voulais vivre et continuer de vivre quand même suite à son décès, j’ai eu la chance d’avoir un réseau d’amis et la famille qui m’a soutenu, j’ai continuer à prendre ma vie en main suite à son décès et j’ai suivi une psychothérapie qui m’a vraiment beaucoup aidé à continuer sur le chemin positif de la vie.
Comme tu le décrit si bien, ce n’est pas une traversée du désert qui est facile, l’on doit s’accrocher à tous les petits moments qui nous amènent un sourire aux lèvres, aussi timide qu’ils sont ces petits moments d’attendrissement surtout dans les premiers jours, premières semaines ou le mois suivant le décès par suicide de l’être tant aimé. Bien que l’on se sent mort en dedans, il y a toujours une petite flamme à l’intérieur de soi qui n’attend que le bon moment pour jaillir.
Merci pour ce très beau texte.
Ça fait sûrement longtemps que tu as écrit ce texte mais c’est tellement vrai…je me vois dans ce que tu décris…c’est moi tous les jours, tout le temps…toutes ces émotions, tous ces sentiments je les vis comme tu les décris l’un après l’autre en boucle…c’est tellement difficile et douloureux…je m’accroche, je fais ce que je peux…il y a des jours où j’ai l’impression que je vais y arriver et le jour d’après c’est retour à la case départ… j’ai peur du temps que ça va prendre avant que je me sente bien (pas heureuse mais juste moins malheureuse)…je me demande si mon fils m’entend de là haut ou quel que soit l’endroit où il se trouve maintenant…en tous cas j’espère qu’il se sent bien maintenant et qu’il n’est pas fâché contre moi de ne pas avoir su l’aider…moi aussi je voudrais vivre, pour mes enfants, pour celui que j’ai perdu et pour celui quil me reste…c’est difficile…je m’accroche pour que la vie continue
@Matou24 ,
Nous sommes de tout coeur avec vous dans cette épreuve.
Bien que vous vous demandiez si votre fils vous entend et s’il est fâché, personne n’a la réponse à cette question. Ce questionnement est pourtant bien valide et vos préoccupations sont réelles.
L’autocompassion, soit le fait d’être bienveillant et indulgent envers soi-même, peut être une bonne manière de limiter les préoccupations liées aux raisons du geste de la personne décédée. Malgré que pour le moment vous puissiez croire que vous n’avez pas su aider votre fils, nous sommes convaincus que vous avez fait au meilleur de vos connaissances à ce moment. Une mère souhaite toujours le meilleur pour son enfant et ça, il le sait sûrement.
Avec plein de douceur,
Stéphanie
Équipe de modération