J’ai perdu mon grand-père par suicide quand j’avais 18 ans. Mon père, quand j’en avais 36. Depuis le départ de ce dernier, je me sens prisonnière d’une spirale dans laquelle j’ai l’impression que tous ceux que j’aime (et qui traversent le même deuil que moi) veulent mourir.
J’essaie de leur en parler, de leur témoigner du soutien, de leur fournir des ressources quand ils vont mal. Je sens que mes gestes sont précis, fondés et appréciés. Mais… à l’inverse, la terreur que j’ai de vivre un troisième suicide se transpose à toutes mes tentatives pour cacher à mes proches à quel point MOI j’ai des idées noires. Par peur de les inquiéter et de les enfoncer dans leur propre souffrance, je me mure dans le silence de ma détresse, en sachant très bien que je fais tout l’inverse de ce que j’espère qu’ils feront, quand leur viendra l’envie d’écrire une maudite lettre d’adieux.
Je sais qu’ils sont à risque. J’espère qu’ils parleront. Je sais que je suis à risque. Mais je n’arrive pas à parler. Et j’ai l’impression de faire exactement comme mon père et mon grand-père, au point où je deviens persuadée d’être la prochaine à commettre l’irréparable, un jour. Je suis épuisée, et pire, j’ai carrément l’impression de leur mentir.
Comment je peux gérer ça ? Est-ce que je dois leur parler de ces idées noires, ou pas?
Nous sommes de tout cœur avec vous, @Night . Nous vous offrons toutes nos sympathies pour votre père et votre grand-père. Il est normal et légitime d’avoir peur de perdre encore quelqu’un par suicide. Vous semblez être très présente pour les autres, vous souhaitez de tout cœur les aider à se sentir mieux. Vous pouvez être fière d’être aussi attentive et de les encourager à avoir du soutien. Soyez également fière de venir chercher de l’aide ici aujourd’hui, en nous écrivant.
Nous sommes touchés de savoir que vous pensez vous-mêmes au suicide, ainsi que certains de vos proches aussi endeuillés. En effet, il peut arriver que des personnes endeuillées pensent au suicide. Nous tenons tout de même à vous rassurer sur le fait que tous les endeuillés ne pensent pas au suicide. Actuellement, votre envie de prendre soin des autres semble vous empêcher de leur parler de vos propres pensées suicidaires. Toutefois, bien qu’il soit parfois difficile d’entendre la souffrance des autres, ces personnes aimeraient sûrement vous soutenir plutôt que, eux aussi, vivre un autre décès. Parler est un des premiers pas pour aller mieux, tout comme c’est une façon de prendre soin des autres en leur démontrant cette belle marque de confiance.
Nous vous proposons d’aller chercher de l’aide, comme vous souhaiteriez que vos proches le fassent. Il est également important d’aviser vos proches que vous pensez au suicide. Pour éviter de rester de rester seule avec cette souffrance, vous pouvez choisir parmi plusieurs façons de faire, celle avec laquelle vous vous sentirez le plus à l’aise de parler. Nous vous encourageons à réfléchir à une personne avec qui il vous serait un peu plus facile de parler de vos idées suicidaires dans votre entourage, soit celles dont vous parlez dans votre message, ou bien d’autres qui sont peut-être moins vulnérables en ce moment. Également, il serait important de vous entourer de professionnels de la santé.
Les services des centres de prévention du suicide s’adressent aussi aux personnes qui ont perdu un proche par suicide. N’hésitez pas à faire appel à eux. Il est important de parler, d’être écouté et guidé par un intervenant si ça ne va pas. Sachez que vous pouvez téléphoner au 1 866 APPELLE (1 866-277-3553), clavarder avec un intervenant en cliquant ici ou composer le 535353 pour communiquer par texto. Ces services sont gratuits, confidentiels et disponibles 24/7. Des intervenants qualifiés peuvent vous accompagner.