Coucou…
J’écris ici ce soir parce que ma nouvelle meilleure amie, celle que je me suis faites après le décès de M, il y a deux ans et presque deux mois jour pour jour, a perdu un être cher, la seule personne qu’il lui restait pour ne pas être seule au quotidien: son chien. Je sais qu’elle a des pensées suicidaires comme je lui ai demandé, de même que si elle a un plan. C’est constant dans sa tête. J’ai peur qu’elle commette l’irréparable aussi comme M. Elle vit dans une autre région que la mienne et je ne peux pas me déplacer pour aller la voir comme je n’ai pas de voiture, et encore moins de permis de conduire. Je l’ai déjà référé à votre ressource d’aide, mais rien ne semble l’aider suffisamment pour qu’elle tienne le coup. Et, moi à travers tout ça, je me sens défaillir et ça me ramène à mes propres démons.
Parce que pour être franche, je ne sais pas ce que je fais encore ici. Je n’ai plus le goût de rien. Tout me paraît fade et j’affiche une façade au quotidien parce que je me sais seule, en bout de ligne.
Il est arrivé un moment dans ma vie où je me suis sauvée moi plutôt que de taire des événements douloureux que j’ai vécu au sein de ma famille. Je le regrette beaucoup, ces temps-ci. À quoi elle rime, ma vie?
Je vois tout le monde avancer dans leurs projets, alors que je patauge dans les miens sans rien terminer. Je me sens si seule et démunie tant face à ma propre souffrance que celle que vit M2 (mes deux meilleures amies ont toutes deux leurs prénoms commençant par M, pour les différencier).
Ma famille n’est pas à l’écoute de ce que je vis et de comment je vis les choses. Oui, avec le temps ça va sans doute faire moins mal, mais pour moi ce sont des balivernes en ce moment. Quoique je fasse, ce n’est jamais assez bien pour mes parents et mes deux frères ne m’écrivent jamais pour prendre de mes nouvelles. Tout part de moi, tant pour mes parents que pour mes frères. Je me sens l’adulte dans la famille; celle qui porte la responsabilité de prendre soin de tout le monde, mais pour qui personne n’est jamais là.
Je me sens vidée et vide à l’intérieur.
Je pense qu’on dit que lorsqu’on pense au suicide, c’est qu’on cherche en fait à mettre un terme à notre souffrance.
Je sais pas quoi faire pour aller mieux et aider M2 à aller mieux elle aussi. La perte de son chien est récente de jeudi dernier, alors je sais que son deuil ne fait que commencer. J’ai juste tellement peur de la perdre…et j’ai peur de me perdre, peut-être au fond, moi avec si elle décide de partir. Parce que je ne peux plus rien tolérer quant à la mort. I know, ça fait partie de la vie, mais je ne suis juste pas capable.
J’ai déjà survécu à mes propres tentatives de suicide, perdre une autre de mes personnes chères par suicide, ça me tue déjà.
Navrée pour ce message décousu, négatif et désespéré.
Je suppose que c’était le moment pour moi d’écrire sur ce groupe de partage…
Prenez soin de vous xxx
Isa
Merci pour votre partage @IsabelleD. Nous sommes de tout cœur avec vous. Il est compréhensible d’être fatiguée, de se sentir perdue et de ne pas savoir comment naviguer à travers ces bourrasques de vent et ces tempêtes. Votre désir de soutenir votre meilleure amie, qui traverse elle aussi une grande souffrance, témoigne de votre grande empathie, bienveillance et attention. Vous dites que rien ne semble faire effet pour qu’elle se sente mieux. En même temps, il y a quelque chose actuellement qui lui permet de tenir le coup depuis jeudi dernier, qui la retient. Il existe différentes façons d’aider un proche qui pense au suicide, et plusieurs personnes peuvent contribuer à ce soutien.
Une personne qui pense au suicide vit de multiples difficultés et il peut être difficile de la soutenir. Effectivement, vous n’avez pas à assumer cette situation seule. Vous avez bien fait de lui conseiller de contacter nos ressources d’aide.
Vous portez vous aussi votre grande lourdeur @IsabelleD. Il est essentiel que vous preniez soin de vous et que vous vous respectiez dans vos limites. Nous vous encourageons à contacter dès maintenant notre service d’intervention. Vous pouvez clavarder avec un.e intervenant.e en cliquant ici, texter le 535353 ou téléphoner au 1 866 APPELLE (277-3553).
Les intervenant.e.s prendront le temps de vous écouter, de recevoir ce poids qui pèse sur vos épaules, autant en lien avec ce que vous ressentez par rapport à votre meilleure amie que vos difficultés personnelles et le deuil que vous vivez, ainsi que de vous fournir des conseils adaptés à votre vécu. Ces services sont autant offerts aux personnes qui pensent au suicide, aux individus qui s’inquiètent pour un proche ou aux endeuillé.e.s par suicide. Nous vous encourageons aussi à lire cet article de suicide.ca en cliquant ici qui vous explique pourquoi il est important et bénéfique de parler de ses idées suicidaires à un.e intervenant.e. Si vous avez déjà contacté nos services ou d’autres professionnel.le.s, comment cette aide a-t-elle pu faire une différence à ce moment ?
J’entends que votre désir d’avancer, de vous sentir entourée, de vous investir dans certains projets. Je vous invite à réfléchir aux petits gestes et moments qui vous permettent de vous sentir un peu moins vide, un peu moins envahie par les idées suicidaires également. Qui ou quoi vous permet d’avoir une perception un peu moins fade de ce qui vous entoure ?
Il est important de se rappeler que le suicide n’enlève pas la souffrance, il la transmet à d’autres. Demander de l’aide est une étape importante dans votre cheminement et pour parvenir à avoir des moments d’accalmie, car ils existent.
Sincèrement,
Ariane
Équipe de modération
Chère Isabelle, je sens tout le poids et la douleur émotionnelle dans tes propos, je comprends ton passage présentement dans le tourbillon et brouillard cérébral que tu vie. Je m’y suis déjà perdu également suite au suicide de mon conjoint. Je te félicite pour la grande empathie que tu démontres à ton amie qui elle aussi souffre grandement. C’est très louable et honorable mais je crois que pour que tu puisses l’aider efficacement il faudrait que tu prennes soins de toi en premier afin d’être forte et d’attaque. Il est temps de penser à toi en premier et de te faire plaisir, de toutes petites choses bien simple, aller prendre une marche au soleil, caresser un chien qui passe sur ton chemin, manger une crème glacée, t’asseoir sur un banc de parc et écouter les rires des enfants qui s’amusent follement dans les structures de jeux. Ça ne demande qu’un petit effort et une volonté de ta part pour sortir dehors et de profiter lentement et à ton rythme de tout ce qui se passe autour de toi qui est beau et bon. Peut-être as-tu d’autres façons de te faire plaisir et de te ressourcer, il n’y a que toi qui connais la solution, puise en toi et exerce le.
Dis toi que cette mauvaise passe, bien que très difficile, n’est que passagère. Comme dit Ariane, le suicide n’enlève pas la souffrance, il la transmet à d’autres…
Des fois c’est bon de donner au suivant mais surtout pas avec cet acte là, pas de cette façon, en fait jamais. Après la tempête, le soleil revient toujours, accroche toi et fonce dedans, ce n’est que de courte durée.
Bonsoir…Navrée de mon silence. J’ai relu et relu vos mots, alors que M2 a finalement dû dire adieu à son chien, il y a deux semaines. Elle comme moi croyions qu’il vivrait encore plusieurs mois, mais la vie en a décidé autrement.
La bonne nouvelle, pour elle, c’est qu’elle a maintenant un suivi psychosocial avec le CLSC. Mais mon inquiétude demeure puisqu’elle a continué d’exprimer sa perte de joie de vivre. Elle restait en vie pour son chien, et maintenant qu’il n’est plus là, j’ai l’impression que ce n’est qu’une question de temps avant qu’elle nous quitte elle aussi.
Je sais que vous m’avez dit de penser à moi, sauf qu’elle est ma priorité en ce moment. Je connais les deux côtés de la médaille; à savoir de connaître la douleur d’avoir perdu quelqu’un de cher par suicide (M1) et de vouloir mettre fin à ses jours (à travers moi), et je refuse de perdre une autre amie parce que je n’ai pas agi, j’en ai pas fait assez, je me suis mise en priorité.
J’aimerais trouver les mots pour la guider à travers son deuil, lui faire savoir qu’elle a des raisons d’être encore avec nous, mais je me sens imposteur. Parce que je comprends ses sentiments, son désespoir. Je me sens comme un cordonnier mal chaussé, voyez-vous?
Chère IsabelleD, dans ce cas soit tout simplement là pour elle, soit à ses côtés ou à son écoute de ses propos. Soit présente pour elle. Pas besoin de commenter tout ses commentaires, ta présence fera toute la différence. Prends soins de toi malgré tout.
Bonjour @IsabelleD,
Il n’est pas toujours évident de savoir quoi dire à un proche qui souffre. Comme le dit si bien @Cachou, une présence, une oreille attentive, une main tendue peut apporter beaucoup et fait une différence. Vous faites déjà beaucoup pour prendre soin de votre amie. Votre désir de l’aider témoigne de la grande empathie que vous avez pour elle.
C’est effectivement une bonne nouvelle de savoir que votre amie s’engage dans ce nouveau suivi psychosocial. Ce n’est pas rien et cela traduit un désir de sa part de faire grandir la partie d’elle qui veut vivre et aller mieux. Avec cette aide professionnelle, elle pourra davantage être outillée et soutenue pour traverser les épreuves auxquelles elle fait face et pourra identifier des stratégies pour se protéger face aux idées suicidaires.
Rappelez-vous aussi que de faire des activités que vous aimez toutes les deux est également une manière de nourrir les moments qui permettent de ressentir un peu moins la douleur, de vous distraire et de vous faire du bien, pour vous et pour elle. Nous vous encourageons à identifier ces moments dans lesquels vous vous sentez un peu plus légère, où la souffrance est un peu moins présente. Identifier ces moments peut vous permettre de mieux les répliquer par la suite.
N’oubliez pas que chaque deuil se vit différemment. Votre amie a sa façon de le vivre, tout comme vous avez la vôtre. Retenez également que Vous avez le droit vous aussi de vous sentir soutenue, épaulée et écoutée. N’hésitez pas à contacter notre service d’intervention si vous en ressentez le besoin.
Prenez soin de vous,
Ariane
Équipe de modération