Bonjour à tous,
Je suis un « parange » (puisqu’il n’existe pas un mot exact pour désigner un parent qui a perdu un enfant). Elle avait 28 ans. Elle était ma petite Princesse… Cela fait déjà 5 ans et je cherche tjrs à trouver un sens et une paix intérieure. Je n’y arrive tout simplement pas. Je suis en thérapie depuis plusieurs années. Je souffre beaucoup moins. Je ne fais plus de cauchemar. Mais j’ai l’impression que je ne serai jamais heureux de nouveau.
J’ai lu dans ce Forum le témoignage d’un homme et sa conjointe qui souffrent le jour de Pâques depuis 20 ans.
Alors, dites-moi, vous seuls endeuillés qui comprenez toute la souffrance de perdre tragiquement un être cher, dois-je comprendre qu’on ne s’en sort jamais?
Citation de Viktor Frankl (psychiatre autrichien): « La souffrance cesse de faire mal au moment où elle prend un sens. »
Alors, dites-moi, je serais curieux de savoir, quel sens avez-vous trouvé?
Merci.
Bonjour Crépuscule,
Ton message m’interpelle parce que je me pose un peu les mêmes questions. Je suis une parange aussi. Elle avait 22 ans, c’était il y a presque exactement 4 ans. Je ne trouve pas de sens à cette tragédie. Je n’y vois que l’expression d’une souffrance immense et une fatalité absurde.
Après 4 ans, je n’aspire pas tant au bonheur, en tous cas, pas ce bonheur léger qui pourrait exister si ma vie n’était pas teintée par ce drame qui m’habite toujours. Je recherche surtout une paix que je réussis à trouver, par moments, dans la nature ou par la méditation. Cela apaise mon anxiété et adoucit les questions perturbantes qui surgissent fréquemment. J’accueille aussi la tristesse comme un élan d’amour envers mon ange qui m’a quittée.
C’est tout ce que j’ai trouvé pour le moment.
Merci à toi pour le partage.
Merci Cassandre.
Cela me console un petit peu de savoir que je ne suis pas seul.
C’était mon but de joindre ce Forum: 1- Trouver un sens pour apaiser ma souffrance et 2- Me sentir un peu moins seul.
Je n’ai pas encore trouvé de sens, mais je me sens moins seul.
Cette dure épreuve m’apprends une chose:
« Un deuil, c’est comme faire pousser une fleur. Ce n’est pas en tirant sur sa tige qu’elle va pousser plus vite! »
Cela prend du temps. Et beaucoup de patience.
Cela prend aussi de l’eau (du soutien de la part d’un conjoint(e), de la famille ou des amis).
Et aussi de la lumière (de la bienveillance et de la compassion).
A+
Pour moi ça fait seulement presque 4 mois que ma fille est partie donc je ne suis certainement pas rendu à trouver un sens à tout ça. J’ai l’impression d’avoir seulement « survécu » à ma fille mais de ne pas avoir recommencé à vivre, de faire pas mal du « sur place ». La chose qui donne un certain sens à tout ça c’est que ma fille a donné ses organes donc 4 receveurs peuvent poursuivre leur route et leurs rêves grâce à elle. Ça met un peu de baume sur la plaie…Je pense que plusieurs personnes qui se suicident rendus là ils pensent que leur départ ne laissera pas grand conséquences pour ceux qui restent, même que ça va soulager leurs proches d’un fardeau. Ma fille pensait qu’il n’y aurait pas grand monde pour pleurer son départ et aller à ses funérailles! Si seulement ils savaient l’étendu des dommages qu’ils provoquent…un suicide c’est un tsunami qui laisse des traces à jamais pour ceux qui restent…
@Crépuscule @Cassandre , @Stef70 , merci pour cette ouverture sur votre vécu. Sincèrement.
Le terme « parange » est tellement fort…
Personne ne peut s’imaginer perdre un enfant dans de telles circonstances. Il peut en effet sembler difficile de trouver un sens à cette perte que vous vivez et c’est normal d’avoir besoin de trouver des réponses pour comprendre. En même temps, il n’y a pas d’explication simple. Une personne qui prend la décision de se suicider vit plusieurs éléments interreliés et son geste de détresse demeure sans réponse après son départ. Apprendre à accepter de vivre avec des questions sans réponse n’est pas toujours évident, mais peut apporter un certain calme.
Ce que la personne qui fait le choix de se suicider oublie, c’est que sa souffrance ne disparaît pas, mais peut se transférer sur ceux qui restent. Comme le dit si bien Crepuscule, le fait de se sentir moins seul en parlant de vos émotions permet de les extérioriser et de grandir malgré tout, de trouver du soutien et du réconfort avec d’autres qui vous comprennent.
Patience, partage, auto-compassion. Continuez à bien prendre soin de vous. Votre vie est précieuse, vous faites bien d’en prendre soin. Telle une fleur, en effet, c’est avec de la lumière et de l’eau, ou de la bienveillance et du soutien, que vous trouverez peu à peu le sentiment d’aller mieux.
En cas de besoin, n’oubliez pas que des intervenants qualifiés sont disponibles pour vous permettre de ventiler sur ce que vous vivez. Vous pouvez communiquant par écrit avec un intervenant ici ou composez le 535353 pour communiquer par texto. Vous pouvez aussi contacter le 1-866-APPELLE, par téléphone. Ces services sont gratuits, confidentiels et disponibles 24/7.
Stéphanie
Équipe de modération
Bonjour Crépuscule : Je suis le papa qui a perdu son fils il y’a 20 ans à Pâques 2003. Je t’écris suite à ton message, ce n’est pas juste le deuil de mon fils qui m’affecte et je t’explique. Moi et ma femme notre rêve était d’avoir 2 enfants en santé et d’être grand parents, d’avoir un souper familiale un Dimanche en famille au moins une fois par mois et de garder nos petits enfants. Mais la vie a pris une autre tournure, mon fils de 23 ans c’est enlevé la vie et ma fille a rencontrer un gars qui est divorcer et qui a un fils mais il n’en veut pas d’autres, ma fille est d’accord avec sa décision donc on ne sera plus grand parent, son copain vient rarement à la maison elle vient seul, nos soupers familiale à l’eau en plus j’ai perdu 2 emplois suite à une fermeture. Aucun amis de mon fils sont venu nous voir chez-nous depuis le décès de notre fils et on a perdu quelques amis (es) depuis, aujourd’hui j’ai 70 ans j’ai des problèmes d’arthrose. Donc c’est un ensemble de plusieurs choses qui nous rends triste depuis ce temps. Nous avons connu plusieurs couples qui ont perdu un enfant mais aujourd’hui ils sont grand parents ça les a aider à faire leur deuils. Alors je suis sûre que tu vas faire ton deuil, tu vas t’en sortir, on les oubliera jamais. Merci
Mes deux frères sont décédés . Le plus vieux par suicide il y a 16 ans, le plus jeune par refus de traitement (j’appelle ça un suicide passif) l’année dernière. En traversant la douleur du deuil et de l’impuissance, j’ai touché un sens profond qui dépasse mon (notre, avec ma soeur, mes parents et vous tous) expérience singulière. Mes frères m’ont appris à sortir du jugement, à aimer plus et mieux, à me respecter à accepter ce qui est hors de ma volonté. Ils m’ont appris qu’ils sont, comme tant d’autres, les canaris de notre société, une société qui évolue lentement. Plus sensibles, ils nous indiquent que le climat est délétère. Nous avons appris à bien soigné les corps physiques et somment encore très novice en terme de santé mentale. Et moi, voyant cela, j’essaie d’être, dans cette société qui est la nôtre, un vent de fraicheur, de non jugement, d’accueil… de moi tout autant que de ceux qui souffrent et qui croisent mon chemin. Quel est le sens ? Ils m’ont appris à être une meilleure humaine, c’est infiniment précieux et pour cela, je les chérirai toujours.
Merci beaucoup @LaLicorne d’avoir partagé votre histoire avec nous.
Pour certaines personnes, il peut arriver à un moment où donner un sens à son expérience de deuil est important pour aller mieux. Ce sens se traduira différemment selon les individus, et votre histoire apporte une lumière supplémentaire à cette réalité. Merci pour vos mots sincères et porteurs d’espoir, ils nous ont touchés.
Pour ceux et celles intéressé.e.s, nous vous invitons à cliquer ici pour en lire davantage sur les différentes façons et stratégies pour reprendre sa vie après un deuil par suicide.
Prenez soin de vous.
Ariane
Équipe de modération